Effrayé par les pétards du Nouvel an, un tigre se tue en sautant d'un immeuble

par
Laura
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Un tigre âgé de sept mois a été retrouvé mort au pied d'un immeuble dans l'est de la Chine, après s'être jeté de l'appartement où il était élevé, apparemment effrayé par les traditionnels pétards du Nouvel an lunaire, ont rapporté mercredi plusieurs médias. Alors qu'il rentrait tard chez lui le 18 février après le dîner du Nouvel an chinois, un couple de Pingu, dans la province du Shandong, découvre sur un parking le corps d'un animal qu'ils prennent pour un "gros chien", rapporte le Bandao Dushi Bao, un quotidien local. Il s'agissait en fait d'un jeune tigre: sur des photos diffusées en ligne par plusieurs médias, on voit le félin au pelage blafard strié de rayures noires, couché sur le flanc sur le sol bitumé, une flaque de sang autour de la gueule. Il avait brisé ses chaînes, s'échappant de sa cage pour finalement se jeter de l'appartement où il se trouvait, haut dans la tour voisine, a indiqué l'agence étatique Chine nouvelle, citant le gouvernement local.

Du milieu naturel à la ville

Le félin "a été apparemment terrorisé" par les explosions continues des pétards et feux d'artifices, allumés généreusement partout en Chine lors de la soirée du Nouvel an, a poursuivi l'agence officielle. La police poursuit son enquête sur la présence de ce félin élevé dans une tour, selon les deux médias. Le nombre de tigres élevés en captivité en Chine a fortement grimpé ces dernières années: on en compte aujourd'hui plus de 6.000 dans environ 200 fermes à travers le pays. A l'inverse, la population de tigres en milieu naturel dans le monde ne cesse de diminuer: elle s'est effondrée de plus de 100.000 il y un siècle à seulement 3.000 aujourd'hui, répartis dans treize Etats, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, l'ONG les classant parmi les espèces gravement menacées. A contrario, il y aurait aujourd'hui quelque 18.000 tigres vivant en captivité.

Une disparition accélérée

Leur disparition accélérée des forêts chinoises s'explique par le développement de l'habitat humain, la déforestation et le braconnage décimant autant les tigres que leurs proies. Les os du félin font partie de la pharmacopée chinoise traditionnelle, qui leur attribue des vertus revigorantes pour le corps, et les peaux de tigres, considérées comme un symbole de prestige, sont des articles de luxe prisés. Ainsi, les griffes et les dents de tigre seraient efficaces pour combattre la fièvre et les insomnies tandis que leurs yeux combattraient l'épilepsie et le paludisme.

Pékin a certes banni le commerce des os de tigres en 1993, après avoir adhéré à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) en 1981, mais la loi, d'une formulation vague, est appliquée de façon très aléatoire, regrettent les associations environnementales. Le trafic d'animaux demeure un business très lucratif (le troisième en importance après le trafic de drogues et celui des armes). Un corps dépecé de tigre mâme adulte se négocie ainsi à plus de 60.000 euros au marché noir.

Ph: ecns.cn/bddsb.bandao.cn