Pourquoi le "Grexit" n'aura pas lieu

par
Camille
Temps de lecture 3 min.

L'idée d'une sortie de la Grèce de la zone est à nouveau évoquée. Le « Grexit » (contraction de Greece et exit) reste pourtant improbable aux yeux de nombreux observateur politique.

Pourquoi l'idée d'une sortie de la Grèce de la zone euro est-elle à nouveau évoquée ?

Le 29 décembre dernier, les députés grecs ont constaté leur incapacité à s'entendre sur le nom du nouveau président de la république. La fonction n'est que symbolique, mais la conséquence en cas d'échec est automatique : la dissolution de l'Assemblée a été annoncé le lendemain. Les grecs retourneront aux urnes le 25 janvier. Et Syriza, la gauche radicale, a de bonnes chances de l'emporter. Le parti d'Alexis Tsipras entend bien revenir sur les politiques d'austérité appliquées depuis 2010. Alors qu'une telle issue est possible, l'hebdomadaire Der Spiegel rapportait ce week end que le gouvernement allemand serait prêt à « laisser la Grèce sortir de l'euro » en cas de victoire de Syriza.

Un « Grexit » est-il possible ?

Pour de nombreux observateurs de la politique européenne, c'est peu probable. « Angela Merkel seule ne peut forcer la Grèce à quitter la zone euro », note Pascal Delwit, politologue à l'ULB. D'autant plus que même si l'avis de la dirigeante conservatrice compte, il n'est pas forcément celui de l'ensemble de son gouvernement, qui inclut des ministres sociaux-démocrates. Surtout, « aucun mécanisme ne permet d'exclure un Etat de la zone euro », rappelle Philippe Lamberts, le coprésident des eurodéputés Verts. Si un Etat souhaitait abandonner la monnaie unique, il serait difficile de l'en empêcher. Mais ce n'est pas le souhait d'Alexis Tsipras. Une grèce hors de la zone euro n'est donc qu'un fantasme, estime l'élu vert.

Pourquoi Angela Merkel agite-t-elle cette menace ?

« L'objectif d'Angela Merkel est de provoquer une forme d'inquiétude qui pourrait mener à un recentrage du vote des électeurs grecs. Et donc à une nouvelle grosse coalition, composée des conservateurs de la nouvelle démocratie et de sociaux-démocrates », analyse Pascal Delwit. La flèche décochée par Merkel pourrait-elle se retourner contre elle, alors que de nombreuses voix se sont élevées contre cette « ingérence » dans le débat public grec ? « Peu probable », tranche Pascal Delwit. « Ce message s'adresse à des partisans des partis traditionnels qui hésiteraient à se rendre aux urnes. Elle sait bien qu'elle ne fera pas changer d'avis les électeurs de Syriza. »

Qu'arrivera-t-il si Syriza l'emporte ?

Syriza, bien que donné favori, ne sera probablement pas en mesure de former une majorité sans conclure d'alliance avec d'autres partis de gauche. Alexis Tsipras devra donc mettre de l'eau dans son vin. Mais, quoi qu'il en soit, de difficiles discussions s'engageront avec la Commission européenne pour alléger les politiques d'austérité. Syriza parle de « renégocier la dette ». Après la première restructuration, qui avait surtout touché les investisseurs privés en 2012, un nouvel aménagement pourrait cette fois-ci concerner la dette détenue par des institutions publiques, et notamment les Etats européens. « C'est inévitable », estime le vert Philippe Lamberts. « On a passé trop de temps à repousser le problème uniquement pour protéger de grandes banques comme Dexia ou Deutsche Bank. Au lieu de se voiler la face, on ferait mieux de réfléchir à comment on va gérer le problème.  Il s'agit notamment de savoir si en cas de défaut, ces sommes devront être intégrées ou non au calcul du déficit public des Etats membres. »